Le projet de la création d’Airbus Atlantique répond au vœu du groupe AIRBUS de rester le numéro un mondial de l’aéronautique civile. Pour ce faire, la nouvelle société spécialisée dans les aérostructures aura pour tâche de limiter la complexité du système industriel et de renforcer sa chaîne de valeur.
Lors des précédentes réunions consacrées à la future NewCo, la recherche de compétitivité est revenue comme un leitmotiv gage des futurs succès d’AIRBUS.
A la lecture du rapport Technologia, il apparaît que les bénéfices espérés de la future société sont insuffisamment expliqués et présentés aux salariés : “Les objectifs restent entendus, cependant, la majorité des personnes ne comprend pas clairement le lien entre l’intention et les résultats attendus : comment la constitution d’une nouvelle société autour des activités aérostructures sert-elle Airbus dans les futurs enjeux de l’aéronautique ?”
Au cours des dernières années, AIRBUS a ravi la place de numéro un de la construction aéronautique civile à Boeing en proposant des produits de qualité et à un prix concurrentiel.
Ceci a été rendu possible grâce à l’engagement total des salariés et à leurs compétences.
AIRBUS Operations et STELIA bien avant de devenir AIRBUS ATLANTIQUE ont donc su faire preuve d’une forte compétitivité qui a également permis de traverser l’année 2020 avec un bénéfice opérationnel de 1,7 Md€ pour le groupe.
Comment attendre de salariés engagés, motivés et efficaces de faire encore davantage d’efforts dans un contexte aussi perturbé que celui que nous connaissons depuis un an et demi.
Dans le rapport, l’image d’AIRBUS un “protecteur” et de STELIA un “performeur” résume l’ambiguïté à rapprocher deux entités qui ont évolué différemment en raison d’orientations prises par la direction depuis 2008. L’objectif principal d’accroissement de productivité ne peut qu’ajouter de la méfiance vis-à-vis du modèle coopératif et intégré tel que souhaité pour la future société.
Par ailleurs, il apparaît aussi largement à la lecture du rapport la crainte de voir les méthodes STELIA prendre le pas sur la culture d’entreprise AIRBUS: “ les pratiques managériales de Stelia sont décrites comme plus dures que celles d’Airbus. Certains airbusiens allant jusqu’à parler de management par la peur décrivant des cibles de rentabilité basées sur des outils vieillissants et sur le rognage des coûts ». Le manque d’équilibre entre les postes occupés par des managers issus de STELIA par rapport à ceux d’AIRBUS operations est aussi une source d’inquiétude qui renforce le scepticisme sur la volonté de passer d’une relation client/fournisseur à une collaboration intra-entreprise basée sur l’autonomie.
Parmi les recommandations du rapport Technologia, il apparaît aussi que la communication du projet à l’ensemble des salariés soit largement insuffisante de la part des managers de proximité et des HRBP. Il est regrettable que cette situation soit pointée du doigt alors que le précédent rapport de Technologia sur les conséquences du plan d’adaptation d’AIRBUS suite au PSE avait abouti aux mêmes conclusions.
Ce rapport Technologia met en lumière la situation actuelle sur les sites de cette nouvelle société Airbus Atlantique.
Il décrit des situations déjà très anxiogènes, et qui, selon ce même rapport, pourraient s’aggraver si les différentes recommandations en termes de RPS ne sont pas prise en compte pour l’élaboration de cette nouvelle société.
Au regard de la situation sur le site de Nantes:
une direction composée uniquement de membres STELLIA, un management de plus en plus toxique et une politique sécurité répressive, il apparaît clairement, que l’exercice d’équilibriste affiché par la direction, entre Airbus le ”bienveillant“ et STELLIA le ”performant” a déjà basculé en faveur d’un système basé sur une compétitivité aveugle.
Les recommandations établies lors du dernier PSE et les différentes alertes sur les conditions de travail (DGI Stress au travail déposé par la CGT) ne semblent avoir fait l’objet d’aucun enseignement. Dans ce contexte, si la trajectoire de cette New-co reste la même, il semble inéluctable que ce projet sera le projet de trop pour de nombreux salariés.