Intéressement et sécurité : liaisons dangereuses !

La direction Airbus fixe un objectif de livraison pour 2020 de 880 avions. Compte tenu des livraisons à fin avril qui sont de 136 avions, il apparaît clairement que cet objectif est impossible à réaliser. Cela voudrait dire plus de 100 avions par mois à livrer entre début juin et fin décembre, ce qui ne s’est jamais produit sur une période aussi longue, de surcroît dans un contexte d’activité partielle.

Les salariés avec qui la CGT échange nous disent que cet objectif est inatteignable. Nous ne pouvons imaginer qu’il n’en soit pas de même pour la direction ou alors comment expliquer un tel écart de perception entre eux et la réalité perçue sur le terrain. Quelles sont leurs hypothèses de cadences pour la fin de l’année ?

Cet objectif détermine la part opérationnelle de l’intéressement et la direction souhaite introduire le taux de fréquence des accidents du travail (TF1) dans le calcul de l’intéressement. Nous ne connaissons pas encore la formule de calcul exacte, mais la CGT s’interroge sur le sens d’un tel rapprochement et sur l’efficacité en matière de réduction des accidents de travail : ce sont les conditions et l’intensité du travail qui détermine en premier lieu ce taux d’accident de travail.

La sécurité au travail est une priorité pour la CGT, le taux d’accident de travail n’est pas le reflet d’une performance mais avant tout celui des moyens mis en œuvre pour son amélioration. Pour preuve, depuis deux mois, l’organisation et l’intensité du travail est bouleversée par la crise COVID-19, et les managers de proximité sur le terrain font état d’une baisse significative de l’accidentologie.

De plus l’introduction de ce critère additionnel pourrait conduire à une mise en compétition des établissements dont les activités n’ont pas le même niveau de risque (activité de production et activité tertiaire). Certains établissements pourraient être montrés du doigt à l’ensemble des salariés comme responsable de la perte d’une partie de l’intéressement.

Qu’en est-il de la prise en compte de la sécurité au travail sur l’ensemble des sites d’Airbus en Europe et dans le reste du monde là où les salariés sont éligibles à la prime d’intéressement. Comment est calculé l’indicateur TF1 selon les pays ?

La pression est déjà grande sur les épaules des salariés avec les objectifs de livraison, introduire le TF1 dans les objectifs pourraient même avoir des effets contre-productifs, par exemple, inciter à la non déclaration d’accident pour ne pas dégrader la prime d’intéressement.

La sécurité des salariés est une question trop sérieuse pour être monnayée. La sécurité est d’abord une question de moyen.

La sécurité ça n’a pas de prix !

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